--[PILE]-- Kelen
Les nuits ont toujours eu quelques choses de spécial.
Lorsque j'avais douze ans ou treize ans, je suis devenue insomniaque.
La nuit me paniquait. Je pleurais lorsque tous étaient tranquillement couchés.
Je craignais de fermer les yeux. Je craignais de mourir, que les autres disparaissent.
Je redoutais le drame, l'abandon.
J'avais besoin de quelqu'un près de moi pour me rassurer...
Je viens tout juste de comprendre d'où cela venait...
Les peurs, les tensions, les angoisses, tout ça ressortait la nuit venue quand j'étais face à face avec moi même. Mes nuits étaient hantées de leurs disputes, de leurs affrontements.
Lorsque le soleil se couchait, chaque soir, cela explosait...Inutile de frotter l'allumette, le brasier était déjà préparé... Il suffisait de mettre un peu d'alcool à brûler pour que tout implose dans nos coeurs cabossés.
Mes soirées étaient rythmées par leurs cris, leurs insultes et leurs plaintes lancinantes.
Si la plainte était au départ à peine implicite, au fur et à mesure que le temps passait, elle est devenue forte et largement explicitée...
J'étais le petit repère à leur perdition.
L'élément fixe qui ne pouvait ni partir, ni se cacher..
J'étais là. Et j'avais un rôle.
Au départ, il suffisait de me planter là, entre eux deux pour les stopper.
Puis il a fallu, leur demander d'arrêter... Puis supplier... et encore pleurer...
Au fil du temps, je suis devenue transparente, spectatrice habituée de leurs représentations malsaines. Je criais sans être entendue... leurs voix couvraient la mienne...
J'étais devenue inexistante au point de m'apprêter à trancher mes veines avec ce bout de verre explosé devant leurs propres yeux.
A quel moment reprennaient ils pied avec le réel?
Quand ils étaient épuisés?
Quand l'un des deux arrivait à provoquer une entorse ou un coup visible?
Je n'ai jamais su ce qui les animaient...mais je sais juste que ces soirs là, ils ont créé des surchauffes dans mon système de valeur...
Et qu'aujourd'hui, j'ai encore cette tension qui me parcourt le corps la nuit venue...
Soubresauts de mes arrêts cardiaques...
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--[FACE]-- Maël
Quasimodo a besoin d’un Esméralda pour exister autrement que comme un bossu.
Mais Esméralda existe déjà sans quasimodo.
Pourquoi en aurait-elle besoin ?
C’est par cette question existentielle que toutes les vies de bossues passe.
Les filles pensent que le démon est sous le lit. Les garçon eux le pensent dans le placard.
Mais pour les deux, la nuit est sujette à la reconstitution des démons du jours.
Les rêves ne sont rien d’autre que les pensées et moments du quotidiens.
Si ce quotidien est heureux alors les rêves le sont encore plus.
Mais, ô injustice- si le quotidien est merdique les rêves sont à son image. Et celui qui souffre en vrai, n’a même pas de rêve ou se réfugier.
Ce qui ont tout, ont vraiment tout.
Ce qui n’ont rien, n’ont vraiment rien.
De la perte des repères du bien et du mal ne né jamais le bien.
Un corps qui souffre, sais très bien vous le faire comprendre.
Normalement c’est un message envoyé pour vous avertir de vous bougez parce que quelque chose cloche.
Mais le casque bleu n’est pas livré avec le corps…
Et sur une petite tête brune il est bien dur à porter.