Sous les voûtes de mes refuges nocturnes, seul le son des notes de piano résonnait.
Des envies de voler comme ses ondes musicales aériennes trop gaies.
Il y avait bien ces gorgées euphorisantes, ces verres trop peu remplis et ces étourdissements malheureux.
Il y avait aussi ces brèves inhalations, pathétiques symboles de mes fuites en avant..
Je croyais que ne plus penser c'était devenir heureux.
Je croyais que je n'aurais pas le courage de tenir ces nuits entières sans ca.
Alors à force d'enchainer les produits, les extases et les pertes de contrôle; on finit par se perde soi-même.
Les soirées filent de plus en plus vite.
Les matinées sont de plus en plus difficiles.
J'avais envie d'éternité.
Envie de rester figée dans ces instants où je ne sais plus penser.
J'aimais être étourdie. J'aimais ne plus me poser de questions.
Une simplicité enfantine.
Ne répondre qu'à mes désirs.
Juste le bonheur de posséder, d'être possédée.
Bref, une envie de ne plus vivre à travers les yeux des autres.
Je me réinventais un monde. Petit monde aussi virtuel que magique.
Petit monde dopé, surexcité mais tellement abstrait.
Petit monde qui s'évanouit à l'aurore, comme si le soleil brûlait chaque matin ce que je construisais toute une nuit.
Il te restera toujours tes rêves pour réinventer le monde que l'on t'a confisqué. [Yasmina Khadra]