On dit que la nuit est belle lorsqu'elle s'étoile et que la lune éblouit les yeux des noctambules. Si la nuit fascine c'est juste parce que les étoiles et la lune sont de bons faire-valoir. Ils magnifient la profonde noirceur qui se dégage des nuits sans sommeil.
C'est une nuit comme celle là que je vois à ma fenêtre. Une nuit qui donne envie de se jeter dans le vide. Une nuit qui fait trembler. Une nuit qui pousse à l'autodestruction.
Voilà. Je suis perdue. Je m'hypnotise de pixels en espérant y trouver l'artifice qui me sauvera. Parce qu'à force de rendre ses pupilles imperméables, on fait pleurer son coeur des gouttes de sang. Le sang qu'on a pas réussi à arracher aux autres alors qu'on a trop eu le goût du notre dans la bouche.
Et lorsque tout se mélange, entre haine et amour, on serre les poings. Intensément. Quelques secondes.
Le poing de la révolte levé, nos veines saignent les peurs à n'en plus finir.
Même plus la force de le lancer contre leurs visages.
Génération au coeur mutilé. Sans réaction. Sans cri.
On baillônne nos interrogations par honte et pudeur, fatigués d'avoir trop cru.
L'innocence balayée, la lucidité devient effrayante.
On se croirait presque en état de mort clinique devant le monde.
Et pourtant. Y'a trop de fantasmes dans nos têtes. A l'intérieur, des envies, des rêves, un bruit infernal. Avec la peur de l'implosion. Et lorsque sur le fil du rasoir, on dirige ce dernier vers nos poignets, on ferme les yeux et on tente d'entendre les battements du coeur. Juste pour se donner un peu de consistance sur l'échelle de l'univers. on repose la lame et on pleure.
Et puis on ouvre une bouteille d'alcool. On avale vite pour avoir l'ivresse et puis on se laisse emporter par une triste mélodie.
Celle de la faiblesse.
Fatiguée de trop penser. Envie de lâcher prise. Juste m'autoriser une parenthèse dans cette nuit étoilée d'amertume.