--[PILE]-- Kelen
Quand je m'imagine raconter le passé, il vient en moi des images, des flashs, des sentiments mélangés.
Est ce que le passé s'est explosé en mille pièces?
Dois je mettre les pièces sur la table, une à une, pour reconsituer le puzzle?
J'ai peur de devoir reconstituer un tableau malsain d'un artiste bohème et paumé.
J'ai peur que l'esthétique en soit altérée.
Avez vous réellement envie de voir ces pièces abîmées?
Un passé fragmenté... des envies altérées... des rêves abîmés...
Si je me lance dans cette reconstitution ambitieuse, serez vous là pour me ramasser et me réanimer?
Serez vous là pour m'aider à fixer? Pour m'empêcher de tout brûler?
Je crains de devoir tous vous tuer une fois que vous saurez...
Défragmentez moi pour que je puisse enfin reconstruire mon passé...
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--[FACE]-- Maël
Une pièce humide,
Quelques cafards,
Des jouets.
Tous, sauf un,
Celui là est un puzzle d’adulte.
Il repose sans doute pas en paix, sous le lit.
Enfin en partie, seulement.
On retrouve aussi une pièce sur le canapé, la forme de celle-ci semble marquer la présence du dernier étranger de passage.
Et puis on en trouve une à côté de la poubelle, son état est irrécupérable mais on l’aura quand même jeté par mégarde. Le destin faisant, tombée à côté du sac. Et s’éternisant loin des siennes. Pauvre petite pièces, laissé à l’oubli, sous clé qui plus est.
Une autre pièce manquante à été emportée dans son repaire par un cafard, il s’en est porté acquéreur à jamais, refusant de le partager, il la veut pour lui seul désormais. Il fais payer quiconque s’en approcherait.
Ces pièces sont perdues pour toujours.
Les autres forment un petit monticules.
Des coins arrachés pour avoir trop servis.
Des tâches de cafés formant des nappes marron : un motif supplémentaire à reconstituer.
Des tâches il y en a beaucoup. Preuves que se puzzle ne sors pas de la boite. On a réussit à le construire. Et on s’en est servit pour autre chose que sa fonction. Mais ce n’est pas ça qui l’a abîmé.
Ces marques là sont celles du vécu, nullement des dégradations. Elles rajoutent du caractère. En font une pièce unique.
Et puis il y ces parties proéminentes, celle qui s’enfoncent dans les autres, vont de l’avant. Elles sont presque toutes cassées. Elles ont été remplacées par des trous comme les autres.
Ces parties saillantes ne demandent qu’à exister, à s’emboîter, mais il y a tant de trou, que sur quatre face, il y a trois chance sur quatre de tombé sur le vide. Pourtant la pointe est bien là, prête à agripper l’assembleur patient qui saura tourner les pièces dans tous les sens.
Jusqu’à parvenir à former un nouvel ensemble.
Ce ne sera plus le puzzle d’antan.
Il n’existe plus.
Et il a perdu tout son attrait ludique.
Il sera moins beaux qu’un neuf.
Mais aura l’attrait du vécu.
Il n’as besoin ni de colle ni de ciseaux, on peut le prendre tel quel.
Il est apte au service.
Ce puzzle amoché, de bric et de broc, mais encore entier.